Sommet à Otan à Lisbonne: NCS ou le nouveau concept stratégique.
Compte rendu de la rencontre-débat organisée par les Femmes pour la paix le samedi 19/2/2011 avec Georges Spriet de l’association pacifiste Vrede.
Le 19/11/11 s’est tenu le sommet de l’Otan à Lisbonne pour l’adoption par les états membres de l’Otan du Nouveau Concept Stratégique (NCS) de l’Otan pour la prochaine décennie. Une importante mobilisation des mouvements de paix, des partis communistes et des syndicats a rassemblé à Lisbonne plus de 30 000 manifestants avec des mots d’ordre reliant « On ne veut pas payer pour l’Otan » et « Non à l’austérité ». Cette manifestation appelait aussi à la grande grève générale du 24/11/2010 au Portugal.
Quant à la Belgique, le gouvernement belge, toujours en affaires courantes, a malgré tout signé à Lisbonne, la « Déclaration finale des chefs d’état » qui adopte le NCS de l’Otan, sans débat parlementaire ou citoyen. Le parlement belge n’a ni voté, ni eu connaissance du contenu de ce document. Le premier ministre Leterme et les ministres De Crem (Défense) et Van Ackere (Affaires étrangères) ont brièvement répondu à quelques questions des parlementaires devant les Commissions Défense et Affaires étrangères au Sénat et à la Chambre. M. De Donnéa, qu’on ne peut taxer de gauchiste, a lui-même affirmé que c’était un vrai déni de démocratie!
En 1949, le Traité d’Atlantique Nord (Otan) fut signé à Washington par les USA, la Grande Bretagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Canada, le Danemark, l’Italie, l’Islande, la Norvège et le Portugal. L’Otan est ainsi créée pour s’opposer au communisme perçu comme une menace expansionniste pour l’Europe. Cette alliance sera présentée comme strictement défensive. Une aide américaine, sous la forme du plan Marshall, non altruiste, sera accordée à l’Europe en 1947, mais destinée à doper un économie américaine en récession et à contre une possible influence soviétique. En 1955, l’Allemagne devient membre de l’Otan, entrainant une institutionnalisation de la guerre froide. Le fort lobby militaro-industriel aux USA qui pèsera lourdement sur toutes les décisions intensifiant la course aux armements nucléaires ou non en Europe et aux USA, malgré l’appel de Stockholm en 1950. En réponse à cette escalade, 1956 vit la naissance du Pacte de Varsovie.
En 1989, après la chute du mur de Berlin, Bush père et Gorbatchev consacrent la fin de la guerre froide et 1991 voit la désintégration du Pacte de Varsovie, de l’Union soviétique, la réunification de l’Allemagne et, corollairement, la disparition des raisons d’êtres principales de l’Otan. Des tentatives de créer une structure européenne de défense sous l’égide de l’OSCE voit le jour, mais, sous la conduite des Etats-Unis, opposés à la disparition de l’Otan, celle-ci s’étend à d’anciens pays de l’Est; Il n’est plus question de dissolution mais de réforme. Celle-ci se concrétisera en un nouveau concept stratégique (NCS) adopté les 7 et 8 novembre 1991 au sommet de Rome. Il consacre la possibilité pour l’Otan de gérer les conflits « hors zone », s’ils menacent la stabilité de la zone Otan et permettra les interventions dans les guerres balkaniques. Il évoluera vers un interventionnisme, hors mandat des Nations Unies, qui débouchera sur les opérations d’Afghanistan et d’Irak. Ceci sera consacré, au début 2000, dans un nouveau concept stratégique pouvant se résumer comme suit: les Etats-Unis et leurs alliés peuvent intervenir militairement sans demander l’accord du Conseil de Sécurité des Nations Unies, car la charte admet la violence lorsqu’il s’agit de répondre à une intervention armée.
En 2010, à Lisbonne, un 3ème NSC va consacrer les principes suivants: l’Otan ne fera plus de différences entre les missions de défense classiques et les actions de défense à l’étranger. Ceci se traduit dans le NSC par « L’Alliance peut être concernée par les développements politiques et sécuritaires étrangers, voire les influencer ». Le NSc mentionne sans fard qu’il peut être nécessaire d’intervenir lorsque les approvisionnements énergétiques sont menacés, en ce compris les infrastructures essentielles ou les voies et zones de transit. Ceci implique un renforcement de la militarisation de l’Otan, ainsi que le maintien de ses capacités nucléaires. Le premier exemple de ce NCS est l’actuelle guerre menée par l’occident en Libye!
Fotoula Ioannidis, janvier-mars 2011