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Campagne « F16 hors de Libye »
L’intervention en Libye, à laquelle participe la Belgique, a déjà causé plus de 30 000 morts. L’asbl Femmes pour la paix soutient la campagne F16 hors de la Libye lancée par Intal et appelle toutes les femmes à signer la pétition en ligne ou envoyer la lettre suivante aux Ministres et Parlementaires.
Nous voulons remettre 4500 signatures aux membres du Parlement le jeudi 29 septembre 2011. Chaque parlementaire recevra 30 signatures.
« La Belgique est en guerre en Libye et vous êtes responsables!
Chers Ministres De Crem, Vanackere, Chers Parlementaires,
Nous exigeons que la participation belge à l’attaque de l’Otan en Libye cesse immédiatement. Les F-16 belges doivent rentrer tout de suite.
- La guerre en Libye a été présentée comme une guerre pour sauver des civils et pour la démocratie. Les motivations réelles sont en fait de pouvoir s’approprier les richesses de la Libye et de protéger les intérêts géo-stratégiques de l’Occident. C’est ce que nous apprennent les guerres en Irak et en Afghanistan.
- Les civils tués en Libye et les centaines de milliers de réfugiés démontrent que les F-16 belges qui participent à l’offensive de l’Otan ne sauvent pas des civils mais au contraire font plus de victimes.
- En ces temps de grande crise économique et politique, la Belgique arrive à décider en 1 journée de partir en guerre. Entamer une guerre ne constitue pourtant pas une « affaire courante ».
- La guerre contre la Libye coûte chaque mois 5 000 000€ à la Belgique. Ceci correspond à un salaire mensuel brut de plus de 2000 enseignants ou infirmiers débutants.
- Les problèmes en Libye doivent être résolus par les Libyens et ceci sans ingérence indésirée.
Nous exigeons que la participation belge à l’attaque de l’Otan en Libye cesse immédiatement. Les F-16 belges doivent rentrer immédiatement. »
Signer la pétition en ligne: http://www.intal.be/fr/node/10142
Femmes en Noir ou l’art de la protestation
Juillet 2011. Je suis chez moi assise tranquillement à siroter une boisson rafraîchissante et à lire « Causette », mon magazine préféré. Après avoir lu un article sur le football chez les SDF, je suis confrontée à une photo qui m’ interpelle. Un sentiment de déjà vu. Cette photo présente une femme, seule, vêtue de noir montrant un calicot sur lequel on peut lire « Murder is a crime. What’s war? ». Ce calicot est signé Women in Black.
Dans le cadre de mon mémoire de fin d’études [1], je me suis intéressée au groupe de femmes Women in Black. Depuis, six années se sont écoulées et je n’ai malheureusement plus eu l’occasion de me replonger dans ce sujet. Aussi, voir cette photo dans un magazine destiné aux femmes non militantes, aux femmes de ma génération, magazine tiré à plus de 40 000 exemplaires, m’a remplie d’espoir. Les femmes militant pour un monde plus juste peuvent aussi être vues et entendues.
Mais, qui sont ces « Women in Black », ces « Femmes en Noir ». En 2006, lorsque j’ai écrit mon mémoire, il était difficile de trouver des informations sur ce mouvement car peu d’études avaient été réalisées sur le sujet. Les informations, tant scientifiques que journalistiques, concernant les femmes sont très souvent orientées sur leur statut de victime et de « minorité » dans la société. Il n’a été mené que très peu d’études dont le but est de montrer que les femmes peuvent elles aussi avoir un pouvoir de décision pour changer l’état des choses.
Le mouvement des Femmes en noir est né en Israël lors de l’Intifada de 1987. La première nuit des affrontements, des hommes et des femmes de gauche se sont retrouvés en se demandant comment ils pouvaient mettre en scène leur opposition à l’occupation israélienne. S’inspirant des mères de la place de Mai en Argentine, ils décident de se rassembler sous la forme d’une vigie, habillés de noir. Au début ils n’étaient que sept (deux hommes et cinq femmes), mais petit à petit ils sont devenus de plus en plus nombreux et la nouvelle de ce nouveau rassemblement s’est répandue comme une traînée de poudre. Finalement d’un groupe mixte, ce rassemblement est devenu entièrement féminin.
D’une manière assez graduelle, le mouvement des Femmes en Noir, initialement israélien, est devenu international. D’abord ce furent les Italiennes qui reprirent ce mode opératoire à leur compte, créant les « Donne in Nero ». Avec le début de la guerre en Yougoslavie, ce fut le tour des femmes de Belgrade de se dresser contre la guerre. De ces trois lieux de protestation s’est répandu un mouvement international présent aujourd’hui dans plus de 30 pays.
Ce mouvement des Femmes en Noir est donc un rassemblement de femmes pacifistes luttant activement contre les injustices, la guerre, le militarisme et toutes formes de violence.
Leur façon de manifester est très caractéristique et ressemble d’une certaine manière à une prouesse artistique. Certains l’appelleraient une performance, d’autres une mise en scène. Mais quoi qu’il en soit cette façon de protester ne peut passer inaperçue.
Elles veillent debout, habillées de noir, car le noir représente la violence en tout genre, autant physique que symbolique. « Nous portons le noir parce que nous exprimons notre deuil pour toutes les victimes de cette guerre et d’autres guerres, ces femmes et ces hommes que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas. Nous sommes en noir parce que cette guerre a détruit des êtres humains et la nature, parce qu’elle a détruit les liens entre les gens, parce qu’elle a détruit les valeurs positives » (Extrait d’un tract des Femmes en Noir de Belgrade).
Elles veillent en silence, d’abord parce que le silence est le sort de beaucoup d’individus vivant en temps de guerre, de répression et de violence. Et ensuite parce que le silence montre leur volonté de ne pas exprimer des paroles vides de sens et par conséquent de ne pas agir comme le font les dirigeants des pays belligérants.
Malgré le côté informel et non hiérarchique de leur organisation, elles sont unies et organisées et ont des dénominateurs communs qui les rassemblent.
- Dans chaque pays où elles sont représentées, ces femmes manifestent sous forme de « vigies ». Ce terme vient du mot latin vigilare et signifie « veiller ».
- Mais parfois leurs protestations peuvent prendre d’autres formes afin d’avoir un plus large champ d’action et des résultats plus importants.
- Ensuite, pour se définir Femmes en Noir, il faut que le groupe proteste contre la politique de son propre gouvernement.
- Finalement, afin de se soutenir et de s’encourager, elles se sont organisées autour d’un site internet www.womeninblack.org sur lequel il est possible de trouver de nombreuses informations intéressantes à propos des actions entreprises par ces femmes dans plusieurs pays. Effectivement, chaque pays, chaque culture a sa particularité propre, a sa problématique unique. Ces femmes expérimentent donc la réalité et ses conséquences de manière spécifique. Internet permet ici, comme dans beaucoup d’autre cas de militantisme, de pouvoir communiquer et de s’encourager les unes les autres. Savoir que nous ne sommes pas seules au monde à protester est un encouragement en soi. Dernièrement nous avons vu des révolutions se déclencher sur de simples « tweet »[2]. Des centaines de milliers de personnes se sont encouragées à se dresser contre leur gouvernement. Elles ont réussi à faire ce qu’elles n’avaient jamais osé faire : protester. Les Femmes en Noir du monde entier se rencontrent donc virtuellement et trouvent dans internet un refuge grâce auquel elles peuvent communiquer, s’encourager et s’informer.
Cynthia Cockburn dans son livre « From where we stand. War, women’s activism & feminist analysis »[3], s’est intéressée au ressenti des femmes lors des vigies. Pour beaucoup d’entre elles, le simple fait de se trouver dans un espace public et d’exprimer exactement qui elles sont et ce qu’elles font (« Femmes contre la guerre ») est une source de satisfaction. De plus, pour certaines d’entre elles, cette forme de protestation, silencieuse et statique, peut être une sorte de pratique spirituelle, tandis que pour d’autres cela représente un poids lourd, comme quelque chose qu’elles doivent faire. Cockburn a recueilli le propos d’une femme italienne (traduction de l’anglais au français non officielle): « Je ressens le manque de connexion avec le public. C’est comme si nous venions de mondes différents. Cela me paraît donc évident de la distance qui nous sépare de la majorité et j’en souffre. ».
Protester contre son propre gouvernement peut amener à des situations dangereuses surtout lorsqu’il s’agit d’une nation en guerre ou d’un pays en proie à un violent nationalisme. Cette manière de protester demande donc beaucoup de courage car se tenir droites, en silence, habillées en noir sur une place publique en pleine heure d’affluence, entourées d’hommes en armes, les expose dangereusement et les fragilise. Mais il ressort de l’étude de Cynthia Cockburn que la satisfaction de pouvoir dire les choses et de les exprimer est plus importante que le manque de sécurité.
Tout militantisme demande du courage car d’une certaine manière nous nous mettons à nu devant une masse uniforme. Il est plus facile de rester chez soi à regarder le monde évoluer sans nous que d’y participer. Il me semble que pour les femmes l’exercice est d’autant plus difficile puisqu’elles ont toujours été confinées dans l’espace intérieur et dans un monde de silence. Les femmes, qui constituent pourtant bien la moitié du monde, ont longtemps été oubliées dans la gestion des conflits armés. Malgré leur statut de victimes, elles n’ont pas de place dans les prises de décision qui accompagnent la prévention ou la résolution des conflits. Ceci a heureusement tendance à changer et un retournement dans les prises de conscience commence à s’opérer. Au sein des Nations Unies, la résolution 1325 du Conseil de Sécurité fournit un cadre pour une réponse internationale sur l’intégration et la prise en compte des femmes dans les résolutions de conflits armés. Il y est écrit:
« Réaffirmant le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix et soulignant qu’il importe qu’elles participent sur un pied d’égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité et qu’elles y soient pleinement associées, et qu’il convient de les faire participer davantage aux décisions prises en vue de la prévention et du règlement des différends. »[4]
Comme femmes nous avons un potentiel qu’il est important de développer. Que cela soit dans notre travail, dans notre famille ou dans le monde qui nous entoure, nous avons le droit de nous exprimer. Ce n’est pas une obligation, mais un droit. Pour celles qui se sont battues afin de nous donner une voix, mais aussi pour toutes celles qui aujourd’hui encore militent pour que nous soyons entendues en tant qu’actrices d’un monde en paix. Les Femmes en Noir, par leur action, sont un exemple pour toutes celles qui veulent agir.
Danaé List
[1] Les femmes en noir, une conjonction du féminisme et du pacifisme, mémoire en sociologie, ULB.
[2] Un tweet est un message de 140 caractères maximum posté sur le réseau social tweeter
[3] COCKBURN C., From where we stand. War, women’s activism & feminist analysis, Zed Books, London, 2007
[4] S/RES/1325 (2000)
Au suivant?… Honte sur nous!
La guerre contre la Libye, avec son cortège d’horreurs perpétrées contre les civils, vient à peine de se terminer.
Une guerre illégale, à laquelle l’armée belge a activement participé.
On sait déjà que son bilan est lourd en termes humains. Sans parler du lynchage abject du dirigeant libyen, autrefois porte-parole du tiers-mondisme, et de son exposition comme trophée, méthode digne seulement des sociétés les plus primitives, cette guerre est marquée notamment par nos bombardements contre des populations civiles et par les atrocités par lesquelles nos fameux « alliés » se sont distingués. Les « insurgés », dûment armés par l’Occident depuis le début, se sont livrés, selon le rapport implacable d’« Amnesty », à toutes les tortures possibles et imaginables sur leurs prisonniers, souvent pris au hasard dans les rues ou arrêtés sans mandat, sur simple présomption que les noirs, par exemple, devaient soutenir Khaddafi…
Le prétexte de la guerre livrée contre la Libye était, comme toujours, « humanitaire », mais on sait aujourd’hui que les seules sources prises en compte pour affirmer que Khaddafi avait fait 6000 morts parmi les manifestants hostiles à son pouvoir, étaient téléguidées par ce qui deviendra rapidement le Gouvernement provisoire , soutenu par l’Occident.
Par ailleurs, ce qui est certain c’est que la production de l’excellent pétrole libyen qui était opérée par une compagnie nationale libyenne, a été reprise dès septembre par la compagnie française Total, ce qui explique sans doute en partie l’enthousiasme du gouvernement français à opérer ce changement de régime. Enfin, les femmes ne peuvent se réjouir de ce changement, qui fait passer la Libye d’un système, certes très critiquable mais laïque, à un gouvernement qui a décidé d’emblée de leur appliquer la loi de la charia.
Ce n’est pas la première fois que nous assistons à pareil scénario : les guerres contre l’Afghanistan ou l’Irak avaient les mêmes mobiles, les mêmes prétextes et sont malheureusement arrivées aux mêmes résultats.
Cependant, lors des conflits précédents, le mouvement anti-guerre était mobilisé. Des millions de personnes à travers le monde ont tenté par leurs manifestations massives d’influencer leurs gouvernements et d’empêcher qu’ils ne lancent ces guerres.
Aujourd’hui les rares réactions (et FPP a participé à l’une d’elles à Bruxelles) n’ont attiré que très peu de monde. Les citoyens semblent efficacement anesthésiés par la propagande qui, comme toujours, présente les pacifistes comme des agents de l’ennemi et semblent profondément persuadés que manifester ne sert plus à rien puisque nos gouvernements ont tout de même participé aux guerres précédentes beien que désavouées par leur opinion publique .
Alors qu’une nouvelle guerre se prépare à coups de propagande, cette fois contre la Syrie, resterons-nous encore terrés à gober les bobards qu’on nous aura inventés ? N’irons-nous pas au moins interpeller nos élus qui ont voté unanimement pour la participation belge à la guerre contre la Libye ?
Honte à nous, alors !
Anne Morelli, décembre 2011.
Conflit israélo-palestinien
Des israéliennes luttent pour le droit des Palestiniens
Partout dans le monde, des femmes se battent pour la paix, avec les moyens du droit, de la communication, de la dénonciation. En Israël, la Coalition des Femmes pour la Paix a lancé une campagne « Qui profite de l’occupation? »
Cette campagne (1) vise à démontrer, en scrutant sur le terrain et dans les documents officiels, la manière dont des entreprises israéliennes et étrangères violent les droit les plus élémentaire des Palestiniens en exploitant les ressources des territoires occupés ou en aidant l’Etat d’Israël à maintenir par la force cette occupation déclarée illégale par les Nations Unies.
Dalit Baum, de la Coalition des Femmes pour la paix , des féministes alliées à la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), a participé les 20 et 21 novembre 2010 à Londres au Tribunal Russel sur la Palestine (2), dont la deuxième session portait sur les complicités du monde des entreprises avec les violations du droit international et du droit humanitaire commises par Israël. La Coalition a dressé une liste d’un millier d’entreprises impliquées dans l’occupation de la Palestine. Il n’y a pas que les produits des colonies accaparés par les entreprises au profit des Israéliens, il y a le droit du travail pas ou mal appliqué, les pollutions multiples. Il s’agit d’une exploitation peu coûteuse pour les Israéliens qui bénéficient de systèmes fiscaux avantageux (20% des impôts seulement! ), de nombreuses autoroutes et qui ne doivent pas se soucier des déchets puiqu’ils les abandonnent sur place. Les entreprises sont alors plus compétitives. Ainsi, Soda Stream sur laquelle porte une campagne BDS, se plaint de la perte d’avantages fiscaux si elle doit déménager des territoires occupés.
On fait pression sur les Palestiniens afin qu’ils commercialisent leurs produits par le biais de sociétés israéliennes. Outre les dattes, un bel exemple est le vin provenant d’une seule colonie d’origine, des terres volées aux Palestiniens, mais commercialisé avec des étiquettes mentionnant des régions diverses d’Israël.
Dalit Baum raconte aussi ces emplacements en Cisjordanie où l’on abandonne les déchets médicamenteux, ces carrières de pierres pour les entreprises du bâtiment et qui sont en réalité des ressources naturelles non renouvelables volées à la Palestine. Elle évoque le projet de train Tel Aviv Jérusalem, réservé aux Israéliens, qui traverse deux fois la ligne verte (la frontière décidée par les Nations unies en 1967 et non reconnue par l’Etat d’Israël) car il est plus facile d’infliger les nuisances aux Palestiniens qu’aux Israéliens qui protestent.
L’oratrice démonte le système de de discrimination pratiqué par Israël dans les territoires occupés: les compagnies fournissent les mêmes services qu’ailleurs mais uniquement aux Israéliens et pas aux Palestiniens. Il s’agit bien d’une ségrégation ethnique structurée. Quant aux Palestiniens, ils ne peuvent accéder ni aux colonies ni à leurs services ou alors ils doivent obtenir un permis spécial pour y travailler en étant évidemment sous-payés.
G4S outil de la répression et des contrôles
Avec Merav Amir, Dalit Baum s’est aussi penchée sur le cas de l’entreprise de sécurité privée G4S. En 2002 elle a raté Hashmira qui assurait surtout la sécurité des colons. G4S était danoise, puis avec une participation britannique, elle est devenue la plus grande compagnie internationale de sécurité avec sa filiale israélienne totalement contrôlée par l’entreprise européenne. « The Guardian » a dénoncé ces services fournis aux colonies et G4S a décidé de quitter la Cisjordanie. Pourtant, les recherches de la Coalition ont montré un scanner dans un check point de Qalandia fourni par Hashmira et sa division technologie. D’autres scanners de corps (Safe View) et de bagages sont aussi fournis par Hashmira et une société américaine. Ils équipent les postes de contrôles du Mur, et ceux de Jérusalem en territoires occupés.
Dans ces brochures publicitaires, cette entreprise se vante d’installer des systèmes de sécurité dans des prisons situées au-delà de la ligne verte, où l’on trouve des prisonniers politiques palestiniens, où l’on sait que les détenus ne bénéficient d’aucuns droits, qu’il y a des femmes et des mineurs d’âge. Avec interdiction d’accès aux avocats palestiniens… Il s’agit donc bien de complicité avec des crimes commis en violation du droit international et humanitaire.
A présent, la Coalition des Femmes pour la Paix est confrontée à la grande menace visant toutes les activistes qui veulent le droit pour le peuple palestinien: une proposition de loi entend rendre illégal tout appel au boycott ce qui permettrait aux compagnies de trainer devant les tribunaux tout ceux qui les défient.
L’association des industries d’Israël a parlé de « terrorisme économique »! Le combat des femmes contre de telles puissances économiques ressemble à celui de David contre Goliath. Et pourtant, leurs coups portent là où cela fait mal: l’argent des profiteurs de l’injustice coloniale.
Gabrielle Lefèvre.
(2) http://www.russelltribunalonpalestine.com : ce lien n’existe plus.
Qu’est ce que le Tribunal Russel sur la Palestine?
Ce texte est le compte rendu de la conférence organisée le 22/1/2011 par les Femmes pour la paix à laquelle sont intervenus Paulette Pierson Mathy Professeure honoraire de droit international de l’ULB et Membre du Comité belge d’appui du Tribunal Russel sur la Palestine ainsi qu’Hocine Ouazraf, juriste au Tribunal Russel sur la Palestine à Bruxelles.
Le Tribunal International Russel n’a aucun caractère légal, il est mis en place pour enquêter sur les crimes commis pendant les conflits et les juger au regard du droit international. Il agit comme un tribunal populaire des consciences face aux injustices et aux violations du droit international qui ne sont pas prises en compte par les juridictions légales internationales ou qui, quand elles le sont, continuent de se perpétrer en toute impunité du fait du manque de volonté politique de la communauté internationale.
Historique
Lancé en 1966/67 à Stockholm et à Copenhague, pour juger les crimes commis au Vietnam par les USA, il a été organisé par Bertrand Russel (prix Nobel de littérature en 1950, pacifiste et adversaire de l’utilisation militaire du nucléaire) et par un groupe d’intellectuels éminents tels que Jean-Paul Sartre – qui en assurera la présidence -, Lelio Basso, Guenther Anders, James Baldwin, Simone de Beauvoir, Lazaro Cardenas, Stokely Carmichael, Isaac Deutscher, Gisèle Halimi, Laurent Schwartz,… Les USA ont été les premiers condamnés pour crimes de guerre et génocide au Vietnam ainsi que l’Australie, la Nouvelle Zélande, la Thaïlande, la Corée du Sud comme états complices ayant fournis des troupes.
Il s’inspire du Tribunal de Nuremberg organisé en 1945 par les Alliés sur les crimes du régime nazi. Il se réfère à la Charte des Droits de l’Homme. Il a permis l’évolution du droit international et la consolidation des règles, certainement influencées par les luttes anticolonianistes et le mouvement anti-apartheid. Il a également permis une évolution progressiste des intérêts et des droits des peuples surtout d’Afrique et des pays colonisés, dans le contexte positif après 1960, avec un changement du rapport de force avec l’émergence des pays non alignés, l’OUA et du soutien par l’ONU du mouvement anti-apartheid. Aujourd’hui la Fondation pour la Paix Bertrand Russel parraine la mise en place du Tribunal Russel International sur la Palestine pour examiner les violations du droit international dont est victime le peuple palestinien, qui le privent d’un Etat souverain.
Le Comité de parrainage, à la base de l’initiative, est constitué par une centaine de personnalités dont 6 prix Nobel pour la paix, mais à la base ce sont surtout Leyla Shahid, Ken Loach, Nuri Peled qui ont lancé le Tribunal Russel sur la Palestine à Bruxelles le 4 mars 2009. Il est composé d’un jury de 9 personnalités.
Ce Tribunal repose sur la participation contribution de personnes, d’associations et de mouvements populaires. Un réseau de comités nationaux d’appui a été créé en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suisse et peut-être aussi au Congo et au Maroc. Les syndicats jouent un rôle important et font pression sur le syndicat israélien Histabruth, qui s’il refuse de changer, sera exclu de la Confédération Européenne des Syndicats. Il est prévu d’organiser 4 sessions internationales:
- 1ère session à Barcelone, 1,2,3 mars 2010
Elle s’est tenue avec l’appui financier du gouvernement espagnol et de la Generalitat de Catalogne, sous la présidence de Stéphane Hessel, résistant de 93 ans et de grande autorité morale. Elle a étudié les complicités et manquements de l’UE et ses Etats membres dans la poursuite de l’occupation des Territoires palestiniens et les violations par Israël des droits du peuple palestinien.
Les points principaux débattus étaient: le non-respect des droits humains et des accords de coopération par l’Union Européenne, l’illégalité du mur, l’industrie des armements. Tous les Etats de l’UE sauf lespays scandinaves vendent des armes à Israël ce qui accélère la militarisation de la société israélienne, la complicité des USA, de l’UE et ses états membres, des Nations Unies et de certains états arabes dans le maintien de la situation « d’apartheid et de violence ».
- 2ème session de Londres, 20,21 et 22 novembre 2010.
Elle s’est axée sur les complicités des firmes transnationales dans les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par Israël. Une trentaine d’experts et témoins ont démontré comment les entreprises participent à l’effort d’occupation et de colonisation des territoires palestiniens: exemples, fourniture de pièces aux usines d’armements israéliennes, le rôle des banques. Certaines ont leur siège en Belgique: Caterpillar (bulldozers), la banque Dexia qui a subventionné la création de colonies israéliennes, Davide Brown, sociétés de gardiennage comme G4S (sécurité, tortures, production, sécuritaires), Veolia France construisant le tram et la gestion de l’eau, les Fonds de pension norvégiens PFZW), Agrexco, Soda Stream,…
Une importante campagne d’actions de boycott a été lancée et soutenue par les syndicats, et des différences sont faites entre les produits faits dans les colonies et en Israël.
La 3ème session se déroulera en octobre 2011 en Afrique du Sud sur l’applicabilité du crime d’apartheid à Israël en ce qui concerne son traitement des Palestiniens dans les Territoires palestiniens occupés et en Israël. Le peuple sud africain et surtout l’ANC soutiennent et transmettront toute leur expertise au peuple palestinien.
La 4ème session aura lieu à New York sur la question des complicités USA et le système de l’ONU.
Fotoula Ioannidis
Info: secrétariat international du Tribunal Russel sur la Palestine, 115 rue Stévin – 1000 Bruxelles Tel/Fax: 02/231.01.74
« Femmes pour la paix » et pas « Femmes pour la guerre »
Notre association s’intitule « Femmes pour la paix ». Ce nom implique obligatoirement qu’on réfléchisse avec esprit critique lorsque notre pays s’engage dans une guerre, même si celle-ci ne dit pas son nom mais se mue en « opération ».
Alors que notre gouvernement est en « affaires courantes » et est de ce fait incapable de décider quoi que ce soit dans des questions aussi vitales pour la planète que BHV, Linkebeek ou la nomination d’un conservateur dans un musée fédéral (!), il n’y a eu aucun état d’âme à se lancer dans la guerre en Lybie.
Le ministre de la Guerre (pardon, de la « Défense ») De Crem s’y est lancé ) – et avec lui nos armes et nos soldats – avec une détermination rare. La presse a titré qu’il était « plus motivé que les Américains ». Le parlement belge n’a pas émis à son encontre la moindre réserve. Nous voici donc – une fois de plus- partis à la guerre. Mais pourquoi finalement?
Bien sûr comme lors de chaque guerre, on nous a bien expliqué que ce sont nos adversaires qui ont commencé mais ici franchement on ne voit pas en quoi les Lybiens – tout antipathique que soit leur régime – menaçaient en quoi que ce soit la Belgique.
Comme lors de la guerre contre la Yougoslavie ou l’Irak, on nous a aussi bien enfoncé dans la tête qu’on ne faisait pas la guerre contre les peuples mais bien contre leur tyran fou (Milosevic, Sadam Hussein ou Khaddafi selon les cas). Mais, curieusement, Khaddafi fut reçu naguère en grande pompe à Bruxelles par Verhoofstadt et on nous le présentait alors comme un interlocuteur valable, seul capable de maintenir les immigrants de l’autre côté de la Méditerranée et (accessoirement!) de nous fournir en bon pétrole.
De ce campeur original, plantant sa tente dans les jardins de Sarkozy ou de Berlusconi, il n’est plus question puisqu’il a fait place au monstre par excellence.
Comme d’habitude on tente de nous faire croire qu’il s’agit d’une « agression humanitaire ». Nous allons sauver de « pauvres » insurgés comme autrefois nous sommes venus au secours des talibans en Afghanistan, de l’UCK au Kosovo ou des adversaires de Saddam.
Mais quelle assurance pouvons-nous avoir que ces « insurgés » (dont les chefs sont d’anciens proches de Khaddafi!) soient davantage que les talibans ou l’UCK, des parangons de la démocratie? Par ailleurs la « démocratie » que nos bombes doivent leur apporter est aussi véhiculée par des alliés aussi peu rassurants que le Qatar ou les Emirats arabes.
Quant aux « atrocités » rapportées comme caractéristiques des troupes de Khaddafi, ne nous faisons pas d’illusion, elles sont certainement bien partagées entre les différents belligérants et l’évêque de Tripoli dénonçait récemment les victimes civiles de NOS bombardements.
Ne nous laissons donc pas influencer par la propagande ambiante. Dans beaucoup de pays participant à l’agression « humanitaire » contre la Lybie, la population a manifesté son opposition à la guerre. Nous espérons qu’un tel mouvement se développe rapidement en Belgique.
Ce sont les Lybiens et pas les puissances occidentales qui doivent décider de leur sort.
Malgré l’unanimité des politiques à soutenir cette guerre nous sommes « Femmes pour la paix » et pas « Femmes pour la guerre ».
Anne Morelli, janvier-mars 2011.
ps: « Femmes d’aujourd’hui » du 7 avril 2011 publie un sondage réalisé sur 1542 lectrices. 56% d’entre elles ne sont PAS d’accord avec la participation belge aux raids sur la Lybie…